Pour répondre efficacement à la nécessité d’identifier des mesures clés, ou North Star Metrics, pour les politiques et stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans les grandes entreprises, il est essentiel de comprendre les principes fondamentaux, les stratégies de mise en œuvre et les défis qui peuvent se poser.
Qu’est-ce qu’on entend par North Star Metrics (NSM) ?
Les North Star Metrics servent de guide aux organisations, en résumant leur mission et leurs objectifs fondamentaux. Dans le contexte des politiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), ces mesures doivent refléter l’engagement de l’entreprise en faveur de pratiques durables tout en créant de la valeur à long terme pour les parties prenantes.
La NSM doit être exploitable, mesurable et alignée sur la stratégie globale de l’entreprise, en veillant à ce que tous les départements contribuent à sa réalisation. Il est important de ne pas confondre la North Star Metric avec “The One Metric That Matters” (OMTM), un concept tiré du livre Lean Analytics de Croll et Yoskovitz. L’étoile polaire est un guide à long terme, tandis que l’OMTM s’adresse à des équipes et à des projets spécifiques sur une période déterminée (deux à six mois).
Cela signifie également que chaque département peut mettre en place ses propres OMTM, tandis que les entreprises doivent s’en tenir à leurs mesures de l’étoile polaire. Chaque OMTM peut contribuer à l’objectif global de l’organisation.
Quelles sont les principales caractéristiques des North Star Metrics pour l’ESG ?
Les des North Star Metrics pour l’ESG doivent s’aligner sur la stratégie de l’entreprise et être intégrés dans la stratégie globale de l’entreprise, en veillant à ce que les objectifs de durabilité soient prioritaires par rapport aux objectifs financiers. Le chiffre d’affaires n’est pas la mesure ultime du NSM; il est (trop) évident que les entreprises privées sont censées être rentables. Les North Star Metrics contribuent à la réalisation de l’objectif de l’entreprise.
Si les objectifs environnementaux sont cruciaux, une stratégie ESG complète doit avoir une vaste portée et aborder les facteurs sociaux et de gouvernance, tels que la diversité, l’équité et les pratiques de gouvernance éthique.
La mise en œuvre réussie des indicateurs ESG nécessite un engagement fort de la part des dirigeants. Il s’agit notamment de définir des attentes et des responsabilités claires à tous les niveaux de l’organisation, en particulier de la part de la direction générale et du conseil d’administration.
4 stratégies pour tirer parti des North Star Metrics pour l’ESG
1. Fixer des objectifs clairs et mesurables
Les entreprises doivent définir des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables, pertinents et limités dans le temps (SMART) pour toutes les dimensions ESG. Par exemple, une entreprise peut chercher à réduire ses émissions de carbone d’un certain pourcentage dans un délai donné, tout en fixant des objectifs en matière de diversité de la main-d’œuvre et d’engagement communautaire.
2. Impliquer toutes les parties prenantes
L’implication de diverses parties prenantes – y compris les employés, les clients, les investisseurs et les membres de la communauté – dans le développement et l’affinement des indicateurs ESG garantit que ces derniers sont pertinents et largement soutenus. Cela peut favoriser une culture de la transparence et de la responsabilité au sein de l’organisation.
3. Utiliser la technologie et l’analyse des données
L’utilisation d’outils d’analyse de données avancés peut aider les organisations à suivre en temps réel les progrès réalisés par rapport à leurs indicateurs ESG. Cela permet d’ajuster les stratégies en temps voulu et d’améliorer la capacité à rendre compte de manière transparente aux parties prenantes.
4. Opter pour l’amélioration et l’adaptation continues
Les organisations doivent régulièrement revoir et mettre à jour leurs indicateurs ESG pour tenir compte de l’évolution des circonstances, des attentes des parties prenantes et des exigences réglementaires. Cette flexibilité permet aux entreprises de rester pertinentes et réactives dans un environnement dynamique.
Quels sont les trois principaux défis liés à la mise en place d’indicateurs RSE ?
Le risque de greenwashing
Le risque de greenwashing, qui consiste pour les entreprises à exagérer ou à dénaturer leurs efforts en matière de développement durable, constitue une préoccupation majeure en matière de rapports RSE. Pour lutter contre ce phénomène, les organisations doivent s’assurer que leurs indicateurs ESG reposent sur des données vérifiables et qu’elles fournissent des rapports transparents aux parties prenante.
L’équilibre entre les objectifs à court et à long terme
Les entreprises sont souvent soumises à des pressions pour obtenir des résultats financiers à court terme, ce qui peut entrer en conflit avec les objectifs RSE à long terme. L’élaboration d’un tableau de bord équilibré intégrant à la fois des indicateurs financiers et des indicateurs ESG peut contribuer à atténuer ce problème.
La complexité de trouver la bonne North Star Metric
La mesure de la performance RSE peut s’avérer complexe en raison de la nature qualitative de certains paramètres, en particulier dans les domaines sociaux et de la gouvernance. Les organisations doivent investir dans l’élaboration de cadres et de méthodologies solides pour évaluer ces paramètres avec précision.
12 exemples des North Star Metrics pour l’ESG
Polar Capital et les questions ESG
Polar Capital a intégré les considérations ESG dans ses processus d’investissement, soulignant que les questions ESG sont aussi importantes que les indicateurs financiers. Son approche comprend un suivi régulier des caractéristiques ESG des portefeuilles et un engagement auprès des entreprises pour améliorer leurs pratiques en matière de développement durable. Ce modèle illustre la manière dont une institution financière peut aligner sa stratégie d’investissement sur les objectifs ESG, au bénéfice des investisseurs et de la société [4].
Unilever et les émissions nettes zéro
Unilever s’est fixé des objectifs clairs en matière de développement durable, tels que la réduction à zéro des émissions d’ici à 2039 et l’amélioration des conditions de vie de millions de personnes par le biais de sa chaîne d’approvisionnement. En fixant des objectifs ambitieux mais mesurables dans tous les domaines de l’ESG, Unilever illustre la manière dont les grandes entreprises peuvent efficacement mettre en œuvre les paramètres de l’étoile polaire dans leurs activités [2].
Danone et la certification B Corp
Danone, multinationale de l’agroalimentaire, a adopté la vision “One Planet. Une santé ” qui vise à apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre et à régénérer la planète. Pour y parvenir, Danone s’est fixé comme objectif de devenir une entreprise certifiée B Corp d’ici 2025, ce qui implique de respecter des normes rigoureuses en matière de performance sociale et environnementale, de responsabilité et de transparence.
Natura &Co et l’indice Natura
Natura &Co, une entreprise brésilienne de cosmétiques, a intégré les mesures ESG dans sa stratégie commerciale et la rémunération de ses cadres. Son étoile polaire est l’indice Natura, qui mesure les performances globales de l’entreprise en matière de développement durable dans des domaines tels que le changement climatique, la gestion de l’eau et l’impact social. Cette approche holistique a aidé Natura &Co à progresser dans la réalisation de ses objectifs de développement durable et à créer de la valeur à long terme pour les parties prenantes.
Netflix et les heures de production durable
Chez Netflix, une North Star Metric axée sur les heures de production durable, en comptabilisant le nombre d’heures de contenu produites en utilisant des pratiques respectueuses de l’environnement a été mise en œuvre. Cette mesure incite les équipes de production à donner la priorité à la durabilité dans des domaines tels que l’utilisation de l’énergie, la réduction des déchets et les émissions de carbone. En faisant de la production durable un indicateur de performance clé, Netflix progresse dans la réalisation de ses objectifs environnementaux tout en continuant à proposer des divertissements de grande qualité.
Disney et la diversité des dirigeants
La Walt Disney Company a mis en place une NSM concernant la diversité dans les postes de direction. Elle vise à ce que 50 % de ses postes de direction soient occupés par des femmes et des groupes sous-représentés d’ici 2025. Cette mesure garantit que les décideurs de Disney reflètent la diversité de leur public et de leurs histoires. Il crée également une responsabilité pour faire progresser l’équité et l’inclusion aux plus hauts niveaux de l’organisation.
Spotify et l’intensité des émissions par flux
Spotify a choisi de réduire l’intensité des émissions par flux de musique et de podcasts. Cette NSM porte sur l’empreinte carbone associée à chaque flux, en tenant compte de l’énergie utilisée dans les centres de données, les bureaux et les déplacements des employés. En se concentrant sur l’intensité des émissions plutôt que sur les émissions totales, Spotify peut continuer à accroître sa base d’utilisateurs tout en réduisant son impact sur l’environnement. L’entreprise a également investi dans des projets d’énergie renouvelable afin de réduire davantage son empreinte carbone.
Lionsgate et les pratiques éthiques de la chaîne d’approvisionnement
Lionsgate, l’un des principaux studios de cinéma et de télévision, affiche sa volonté de mettre en oeuvre des pratiques éthiques de la chaîne d’approvisionnement plus vertueuse avec une NSM particulière. Il suit le pourcentage de fournisseurs qui respectent ses normes en matière de droits du travail, de protection de l’environnement et de lutte contre la corruption. Cette mesure garantit que le contenu de Lionsgate n’est pas seulement divertissant, mais qu’il est également produit de manière socialement responsable. Elle incite également les fournisseurs à améliorer leurs propres performances ESG.
Microsoft et la réduction des émissions de carbone
Microsoft s’est fixé un objectif audacieux : devenir neutre en carbone d’ici à 2030. Cet objectif est axé sur la réduction des émissions de carbone dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement et de ses activités. Microsoft suit ses progrès à l’aide de divers indicateurs secondaires, notamment la quantité totale de carbone éliminée de l’atmosphère et le pourcentage d’énergie renouvelable utilisé. Cet engagement reflète une approche globale du développement durable, qui intègre l’impact environnemental dans la stratégie de base de l’entreprise.
Salesforce et le Stakeholder Impact Score
Salesforce utilise un indicateur North Star unique appelé Stakeholder Impact Score, qui évalue l’impact de l’entreprise sur les différentes parties prenantes, notamment les employés, les clients, les communautés et l’environnement. Cette mesure englobe une série de facteurs, tels que l’engagement des employés, la satisfaction des clients et l’investissement dans les communautés, ce qui permet à Salesforce d’évaluer et d’améliorer ses performances ESG globales. En se concentrant sur l’impact sur les parties prenantes, Salesforce démontre son engagement en faveur d’une approche holistique de la responsabilité d’entreprise.
Google et l’utilisation durable des produits
Google a adopté un indicateur North Star centré sur l’utilisation durable des produits, mesurant spécifiquement le nombre d’utilisateurs qui utilisent ses fonctionnalités axées sur le développement durable, telles que le suivi de l’empreinte carbone dans Google Maps et les résultats de recherche à faible consommation d’énergie. Cette mesure n’encourage pas seulement les utilisateurs à adopter des comportements plus durables, mais s’aligne également sur la mission plus large de Google qui consiste à organiser l’information mondiale et à la rendre universellement accessible et utile.
Adobe et l’indice de diversité et d’inclusion
Adobe suit ses progrès en matière de diversité et d’inclusion par le biais d’un indicateur North Star connu sous le nom d’indice de diversité et d’inclusion. Cet indicateur mesure la représentation de divers groupes au sein de l’entreprise et évalue le sentiment des employés à l’égard de l’inclusion. En se concentrant sur cet indicateur, Adobe vise à favoriser un lieu de travail plus équitable tout en améliorant sa culture d’entreprise globale et sa capacité d’innovation.
En Conclusion
L’identification et l’exploitation des mesures de l’étoile polaire pour les stratégies RSE n’est pas seulement un exercice de conformité ; il s’agit d’un impératif stratégique qui peut stimuler la croissance durable et la valeur des parties prenantes. En fixant des objectifs clairs, en impliquant les parties prenantes, en utilisant la technologie et en restant adaptables, les grandes entreprises peuvent naviguer avec succès dans les complexités de la mise en œuvre de la RSE. En relevant des défis tels que le greenwashing et en équilibrant les pressions à court terme, elles renforcent la crédibilité et l’efficacité de leurs initiatives en matière de RSE.